Le 14 juillet,

Antonin,
Chaque année, le début de l’été est marqué pour nous, par le championnat national. Cela fait plusieurs années que nous profitons de ce moment pour passer quelques jours ensemble, dans un camping, dans une location. A la passion du vélo, se mêlent l’amitié, la famille. Il nous est même arrivé de terminer devant la télé à l’occasion d’une finale de foot. Cette année, le championnat, il était « chez nous ». Comme beaucoup, j’avais misé une pièce sur toi tellement tu m’as impressionnée un mois plus tôt à la route de Saône et Loire. Tu as encore fait une belle course.
Nous sommes maintenant le 14 juillet. Il fait doux ce soir… Ce n’est pas seulement la douceur de l’été, c’est plus que cela. Habités par cette passion commune, nous venons de passer plusieurs jours d’une incroyable richesse humaine que cette soirée vient ponctuer de fort belle manière.
Comme d’habitude, les jeux de mots fusent. Tu aimes ça les jeux de mots, pas vrai !? Ta devise train hard en est un bel exemple. Alors : plutôt train hard ou traînard aujourd’hui ? J’ai bien mon idée car tu viens de courir à Tournus où, malgré une chute tu montes encore une fois sur la boîte. Cathy panse tes plaies mais tu lui dis : « c’est rien maman, t’inquiètes, ça brûle juste un peu ».
Chose rare, je prends le temps de vous regarder, de vous observer même. Sébastien est en grande forme. Toujours dans l’humour, il se met en tête de vanter tes mérites, ta personnalité, ton physique à une amie de Lucas. Et à cette seconde où mon attention se tourne vers toi, je saisi dans tes yeux toute l’admiration que tu as pour lui. Je t’entends même murmurer : « il est trop fort ». Je me dis alors que c’est vraiment chouette.
La nuit avance, il faut redémarrer le temps, se dire au-revoir, à bientôt…

Le 1er août,

Antonin,

Une semaine déjà…
Il y a deux jours, nous étions tous réunis pour toi. Je les ai revus, Cathy, Seb et puis Fanny. Ca devait être dur pour eux mais tu sais ce que j’ai vu ? Toute l’admiration qu’ils ont pour toi. Je crois que tu le savais car ils ont eu cette intelligence de ne pas attendre pour te prouver leur affection.
En tout cas, je les ai admirés, à mon tour, pour leur force et leur courage. J’ai alors pensé que tu avais bien raison « il est trop fort », ton père, ta maman et ta sœur aussi.

Le 24 décembre,

Antonin,

Demain c’est Noël, demain cela fera 5 mois depuis cette annonce…impensable, inacceptable, impitoyable. Demain, nous ne pouvons imaginer ce que tes parents, ta famille ressentiront mais, demain, je sais qu’encore une fois, ils seront dans la force, le courage, la tristesse. Ils pourront se laisser submerger par tout un tas d’émotions, mais il y a une qu’ils n’ont jamais montré et c’est là qu’ils sont vraiment forts : ils n’ont jamais exprimé de colère. La colère qui les empêcherait de continuer à être eux, tes parents que tu admires, tes parents qui sont tournés vers les autres, tes parents qui continuent à donner leur confiance, leur amitié, leur temps…bref, toutes leurs richesses.

Alors, quand j’y repense, qu’est-ce qu’il était doux, Antonin, ce 14 juillet en compagnie de tes parents, ta petite sœur, et ma famille aussi… « Quand elle prend le contrôle, inverse les rôles et fait trembler ma voix. Elle rend, la colère, la douceur amère, elle ronge sa proie » (Melissmell, La colère).

Je t’embrasse.

Posté par Sandrine