Parfois je pense au temps qui passe et je pense à vous… À vous qui restez, à vous qui respirez par instinct, par obligation : une bouffée d’oxygène toutes les dix secondes, à vous qui pensez tous les jours et chaque minute de chaque jour : à cette absence que rien ne ressemble, que rien compense et dont seuls les yeux brillants d’une petite sœur restée sans son grand frère, vous pousse et vous tient à devoir et au devoir d’avancer dans ce temps qui passe et vous éloigne sans cesse un peu plus de la dernière fois où vous avez partagé un moment de joie avec Antonin, un sourire, une étreinte ou une ballade en vélo. Dans un moment de solitude à l’écart des miens, j’essaie de m’imaginer à quoi vous pensez, à comment vous y pensez, à pourquoi vous y pensez encore et toujours… Y penser sans faire d’efforts à ce que sa mémoire vous habite, sans devoir vous dire ; « Tiens, on va penser un instant à notre fils, à mon frère… ». Non, je me dis que ça ne peut pas vous envelopper comme ça ; que ça doit faire partie de vous comme d’un organe vital et nécessaire pour vivre… qui vous aide, vous immunise et constitue un essentiel et une condition pour pouvoir affronter toutes ces choses de l’existence dont tant sont devenues si dérisoires, si relatives si quelconques ou si inutiles.

Ces quelques mots n’ont même pas la prétention de vous consoler, de vous soutenir, de les avoir écrit pour qu’ils trouvent en écho le triangle de vos sourires… Comment le pourraient-ils quand à ce « 25 » du milieu de l’été, pointe à notre court horizon cet autre « 25 » du milieu de l’hiver et où le calendrier prévoit depuis la nuit des temps de rassembler familles, joies et enfants pour partager amour, union et bonheur de la présence des nôtres. Que d’écart entre ces deux chiffres si ressemblants et si à jamais différents pour vous. Mon impuissance me résigne et m’étrangle quand je pense et sais ce qu’à cette date de fin décembre on aime donner comme tant d’autres à ceux qui comptent… Cette chose matérielle ou morale que les gens appellent « cadeau… En signe d’affection, de proximité, de sincérité, d’amitié et cela pour connaitre en retour… Le sourire le plus apaisant et le plus enclin à réparer les blessures de l’âme et de l’esprit… Oui, je me sens si « rien » et si incapable car rien ne peut être à la hauteur de ce qui vous touche encore et vous touchera toujours…

Alors voilà, je voulais juste vous dire que je me suis surpris à penser à Antonin à quelques jours de Noël… Parce que sa place était parmi tous les enfants de chez nous, parmi vous ses parents… avec toi Fanny, autour d’un repas avec des éclats de rire et pleins de projets à imaginer pour 2019. Je voulais juste vous dire que le temps éloigne mais n’efface jamais, que ce n’est pas parce que l’émotion qui vous inonde change et fluctue avec ce temps qui passe, qu’elle n’est pas toujours aussi puissante dans vos cœurs. Je voulais vous dire que je pensais à vous, à votre courage, à votre force, à votre sens de la vie dans cette épreuve qui ne prendra fin que le jour où vous serez de nouveau réunis dans un peu plus de mille ans… Sachez qu’en attendant : Antonin vous regarde de là-haut, qu’il n’est pas pressé, qu’il est heureux et fier de vous, de savoir que vos pensées vous maintiennent connectés en permanence et il sait qu’au fond de vous… en ce premier Noël sans lui, il est plus que jamais présent avec vous, parmi vous, autour de vous.

Fanny, Cathy, Sébastien… en ces jours si particuliers… Tenez-vous les mains et en regardant une bougie allumée, ne doutez pas que dans cette flamme, brille la lumière d’Antonin qui est là et vous éclaire de toute sa force, son esprit, sa présence et de tout l’amour que vous avez partagé ensemble.

De tout cœur avec vous…

Posté par Anibal Castano